Peugeot et Stellantis se lancent en eSports, voilà pourquoi

Les 24h du Mans virtuelles 2023 se sont déroulées les 14 et 15 janvier. Et ce fut pour moi l’occasion de rencontrer pour la première fois les équipes Peugeot Sport pour leur première participation à la course eSports. Je vous emmène donc au cœur du de Peugeot Sport pour comprendre le pourquoi derrière l’intérêt de Stellantis pour l’eSport.

Quels sont les enjeux de leur participation au 24h Virtual Le Mans ? Comment se sont passés les préparatifs ? Et quels sont leurs plans pour l’avenir dans le monde du simracing ? Autant de questions qu’on a pu poser à Vincent Dussossoy, tête pensante derrière cet participation du constructeur.

Stellantis c’est quoi ?

Vous ne voyez pas du tout de quoi on parle quand on prononce le mot Stellantis ? Rien d’anormal, ne vous en faites pas. Stellantis c’est tout simplement le groupe automobile qui est né de la fusion entre le groupe PSA et Fiat Chrysler Automobiles. Le groupe basé aux Pays Bas a été créé en janvier 2021 et à la tête on retrouve le CEO Carlos Tavares.

Dans leurs filiales on retrouve pas moins de 14 constructeurs automobiles. Abarth, Alfa Romeo, Chrysler, Citroën, Dodge, DS Automobiles, Fiat Automobiles, Fiat Professional, Jeep, Lancia, Maserati, Opel, Peugeot, Ram et enfin Vauxhall. Mais aussi 7 préparateurs (dont SRT et Mopar), 3 entreprises de location de véhicules et une de vente de véhicules d’occasion. Bref, le groupe a du poids, vous l’aurez compris.

Mais jusqu’ici Stellantis ne s’était pas vraiment penché sur le eSport et son univers. Avec le retour de Peugeot au Championnat du monde d’endurance, il semblait assez naturel de participer aussi aux 24h du Mans virtuelles. Mais je vais laisser Vincent Dussossoy, chargé du mraketing Peugeto Sport et en charge de la participation du constructeur vous expliquer tout ça lui même.

A voir : Dans le box de Peugeot Sport pour les 24h du Mans virtuelles

Rencontre avec Vincent Dussossoy

  • Nom : Vincent Dussossoy
  • Poste : Chargé du marketing Peugeot Sport
  • Expérience : Manager Marketing du FIA World Endurance Championship pendant 8 saisons – Aujourd’hui chargé du marketing Peugeot Sport

Quand Peugeot Sport et Stellantis ont décidé de se lancer en eSport ?

Le projet à commencé à naître il y a 1 an, un an et demi à l’époque du Covid et l’explosion du SimRacing. Et ayant moi même participé aux origines des 24h du Mans virtuelles car je travaillais côté WEC pendant 8 ans. On m’a naturellement donné la gestion du eSport chez Peugeot qui se place en compétiteur étant donné que j’ai vu exactement comment ça se passait côté organisateur.

Comment on organise un tel évènement ? C’est très différent d’un événement sur piste réelle ?

Oui c’est très différent. En tant que Team Constructeur, dans le réel on maîtrise le circuit, on maîtrise la voiture. On fait le tour du monde et on crée plein de petits évènements dans chacun des circuits. En revanche, on n’est pas spécialistes du tout du eSport. On ne connaissait le jeu rFactor 2 mais on ne savait pas comment régler la voiture ou quelles sont les meilleures stratégies, ou même les meilleurs simracers. C’est pas mon monde. Donc on a du se faire accompagner par une structure spécialisée en eSPorts.

On a fait un appel d’offre en expliquant que Peugeot voulait faire du eSport et qu’on cherchait la meilleure structure pour nous accompagner en marque blanche. Notamment pour la gestion des simracers et tout ce qui est lié au jeu vidéo. Tout le reste, la communications, le marketing, les invitations, l’événement sur site sont gérés par Peugeot.

Et on s’est associé à R8G après plusieurs mois de délibération car on voulait être sûrs d’être accompagné de la meilleure manière. Moi, je suis représentant de Peugeot et contact principal de R8G pour gérer les inscriptions, le choix de line up. Mais aussi la mise à disposition de nos deux pilotes professionnels. Mélanger simracers et pilotes professionnels c’est assez inédit pour nos pilotes.

Les événements physiques on maîtrise. On sait exactement ce qu’il faut gérer les retro plannings, les deadlines, les invitations… Mais aussi comment faire grossir l’événement en l’associant aux médias, aux partenaires.

On a aussi essayer de faire un setup attractif. Et puis tout ce qui est technique jeu on l’a délégué à la R8G qui nous transmet les infos. D’ailleurs on a des surprises. On obtient les informations très tard comparé au réel. L’entry list du Mans par exemple, c’est quelque chose qu’on connait 5 mois avant. Là on la connait une semaine avant. Il y a donc pas mal de différences mais ça s’organise et c’est sympa.

Comment est la cohésion entre Simracers et pilotes pros ?

On a fait une première journée mi décembre où on a mis nos pilotes pros, les simracers et la R8G dans cette salle. On avait un autre setup pour la salle mais on avait déjà un simulateur et on a voulu créer cette cohésion d’équipe tout de suite. Avec une journée team buidling pour que les simracers rencontrent les pros.

On a mangé ensemble, on s’est fait toute une journée pour faire connaissance. Après il y a eu les vacances de noël. Et puis très vite cette semaine on s’est tous rassemblés mardi soir (10/01/23). Ca fait trois jours qu’on est ensemble pour créer cette cohésion, qu’il y ait une bonne entente et que les 4 joueurs aient plaisir à jouer ensemble. Sans oublier Kévin Lacour qui est le pilote de réserve qui a remporté le challenge interne de Stellantis. On avait ouvert la possibilité d’intégrer le Team à tous les employés Stellantis Europe.

Parce que c’est ça aussi le but du eSport, rendre la course auto accessible d’une manière ludique et à moindre cout. On peut jouer de chez soi c’est un gros avantage. Ca nous permet aussi de toucher toute une génération qu’on ne touche pas forcément avec le réel.

On le voit avec les pilotes. Les simracers sont très jeunes. Tout le monde est assez jeune dans le eSport, c’est une discipline assez jeune. Encore plus côté simracing était là depuis des années mais c’était plus pour les initiés. Depuis les confinements ça a explosé et ça s’est plus démocratisé.

En tant que constructeurs on se devait d’y être. C’est un essaie grandeur nature. On va bien analyser toutes les parties prenantes. Aussi bien les partenaires, les médias, l’audience, nous en interne, notre communauté. On va analyser tout ça pour voir si ça prend parce que au final l’idée c’est de le faire à long terme.

L’objectif serait de faire une saison eSports complète en 2023 ?

Oui. Dès le début on savait que cette année c’était un essaie. On aurait pu faire la saison complète mais on n’était pas encore prêts. On voulait déjà bien analyser avant de se lancer et puis aussi être accompagné par la R8G t faire les choses bien. Donc on a pris notre temps? On aurait pu commencer en cours de saison mais ça n’avait pas vraiment d’intérêt et la grille était déjà figée.

Donc on commence par le Mans, comme ça on plonge dans le grand bain tout de suite. On sait très bien qu’on n’est pas les plus compétitifs parce que y’a des monstres. Ca s’est très très professionnalisé maintenant. Tous les constructeurs vont vouloir aligner leurs meilleurs simracers. Il y a des line ups qui ont vraiment fière allure. Par exemple la favorite avec Max Verstappen.

Et on s’est dit que si le test prenait on avait toutes les raisons de continuer et de faire du eSport un des axes de communication Peugeot et Stellantis. Pour aussi toucher une nouvelle génération, créer une communauté, la faire grossir. En faire un rendez-vous régulier et aussi cocher les cases des mois vides où il n’y a pas de courses réelles. Continuer d’offrir du contenu de qualité à notre communauté. On a d’ailleurs vu que l’engagement sur le eSport est fort et positif. C’est très différent du monde réel mais pour l’instant on est contents de notre première expérience même si le vif du sujet c’est les qualifications puis la course. Car la pression va monter jusqu’à 14h heure du départ.

Dans l’idée, vous pensez continuer avec la R8G ou bien prendre les rennes à 100% ?

On n’a pas vraiment de préférence, pour l’instant se faire accompagner ça nous va très bien car il y a trop de sujets qu’on ne maîtrise pas. On va faire un debrief après l’événement. Mais il n’y a pas de raison qu’on se sépare de R8G car créer un service spécifique eSports n’aurait pas vraiment de plus value. En travaillant avec eux on a de la flexibilité. Ils sont toujours au courant des derniers réglages, du marché des simracers. Ils ont aussi d’autres voitures engagées et ils sont multi jeux. Du côté de Peugeot / Stellantis on a la vision globale et on maîtrise le message, les visuels, la stratégie et eux vont vraiment gérer toute la technique.

Après on a quelques synergies, par exemple avec les ingénieurs. Il peut y avoir des synergies ingénieurs stratégie par exemple. Là on est en train de voir pour qu’un de nos stratèges puisse travailler et collecter des datas du virtuel pour voir si nos ingénieurs auraient fait la même chose que les ingénieurs de la R8G. Comparer et voir si au final on aurait pris les mêmes décisions.

Donc côté ingénieur on a des synergies avec le réel, côté pilote on en a parlé. Avec deux pilotes pros qui sont quand même Gustavo Menezes, notre pilote 9X8 qui est là depuis mercredi jusqu’à dimanche. Donc comme sur une vraie course. Et Malthe Jakobsen qu’on avait testé au Rookie Test et avec qui on prolonge l’expérience dans le virtuel. Ca nous permet de continuer ce lien avec lui.

Et puis on a les partenaires qui sont dans le réel et le virtuel. Par exemple Total Energies qui sont le partenaire principal du Team Peugeot Total Energies dans le réel. Et ils sont aussi partenaires de Le Mans Virtual Series ainsi qu’avec nous sur l’événement.

L’objectif est aussi de faire le lien avec le réel et le retour de Peugeot au WEC ?

Oui. Peugeot revient au Mans. Pour nous c’est une année énorme. Ce sont les cent ans de l’ACO, c’est les 30 ans de notre triplé au Mans en 1993. Donc on a beaucoup de choses à célébrer et beaucoup de challenges cette année. On a de grosses attentes et on est très excités. Ca fait deux ans et demi qu’on travaille sur le projet 9X8 pour être compétitifs et gagner le Mans. Il y a aussi le championnat. On a fait une demi saison l’année dernière mains on fera la saison complète qui commence dans un mois. Ca démarre à Sebring dans un mois et demi.

La c’est encore la pause d’hiver, à côté c’est notre atelier et toute notre Team travaille d’arrache pied pour Le Mans et avant ça on a trois étapes avec trois courses. Sebring, Portimao et Spa. Le eSport d’hiver ça garde un peu tout le monde sur le qui-vive et ça nous fait un bel évènement en janvier. Là on a mixé les deux mondes, le réel et le virtuel. On a la 9X8 dans cette salle, on a reconstitué un garage et essayé de montrer que ces deux mondes sont complémentaires.

Nous on est super excités de faire cette course. On va essayer de finir la course, ça sera déjà une première belle expérience. Après le résultat, si tout le reste à bien marché ça sera accessoire. Même si quand on s’appelle Peugeot on est obligés d’avoir des objectifs élevés. Ce qui est sur c’est qu’on fera de notre mieux avec cette belle grille de départ.

Je serais ravi d'avoir vos avis !

Laisser un commentaire

Le blog Simracing de Sam et Flo
Logo