Rencontre avec Elliott Vayron : Simracer ET pilote F4

Aujourd’hui je vous propose de rencontrer Elliott Vayron. Un jeune pilote et simracer de 16 ans qui a participé aux 24h du Mans virtuelles avec l’équipe Peugeot Sport. Le jeune homme qui fait partie des membres Junior de l’équipe eSports R8G (l’équipe d’un certain Romain Grosjean) a réussi un petit exploit. Celui d’être capable avec seulement 3 jours de préparation, d’aligner des chronos à la hauteur de ses collègues et de placer l’équipe Peugeot à la P15 lors des qualifications.

Et ce qui nous intéresse grandement aujourd’hui, c’est qu’Elliott a non seulement la casquette de simracer, mais aussi celle de pilote réel. En 2022 il a participé au Championnat de France de Formule 4 et a terminé à la quatrième place. ll est donc bien placé pour nous donner un aperçu des différences entre le monde virtuel du simracing et le monde de la course réelle.

Le contexte de cette rencontre :
Cette rencontre a eu lieu le 13 janvier 2023 au QG de Peugeot Sport à Satory. Toute l’équipe était présente pour participer aux 24h du Mans virtuelles qui se déroulent sur la simulation rFactor 2.

Les règles de la course imposent aux équipes de faire participer 2 pilotes professionnels et 2 simracers.

Dans l’équipe Peugeot Sport on retrouvait donc :
– Gustavo Menezes : Pilote WEC Peugeot Sport. Champion du monde WEC LMP2 2016, vainqueur des 24h du Mans en catégorie LMP2 en 2016

– Malthe Jakobsen : Champion du monde WEC LMP3 2022, a participé aux Rookie Tests avec l’équipe Peugeot Sport à Bahreïn en novembre 2022 au volant de la Peugeot 9X8

– Maxime Brient : Simracer professionnel qui en est à sa troisième participation aux 24h du Mans virtuelles

– Et enfin Elliott Vayron, simracer dans l’équipe R8G et pilote de F4 sur la saison 2022 du Championnat de France.

Bonjour Elliott, tu es arrivé sur l’événement un peu au dernier moment, comment ça s’est passé ?

J’étais pilote de réserve depuis la création de l’équipe. Donc je me préparais à l’éventualité au cas où quelque chose se passe, que je roule. Et Valentin Mandernach est tombé malade, il a attrapé le COVID. Donc il ne pouvait pas venir et rouler. Donc on m’a fait venir et demandé de rouler à sa place. Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait un souci et Valentin s’entrainait depuis plus d’un mois. C’était lui qui était censé faire la qualif, il était dans le rythme.

Et tout allait bien jusqu’à mardi. Dès qu’ils m’ont appelé pour me dire que je devais rouler, j’ai tout de suite lancé rFactor 2 et j’ai roulé le plus que je pouvais. Donc je manque d’entrainement, aussi un peu de rythme. Mais j’ai réussi à rattraper plus ou moins le rythme de mes coéquipiers et c’est le principal.

Tu as réussi à rattraper le rythme et à faire des tours très propres !

Oui ça va, c’est pour ça que je fais la qualif. C’était entre Malthe Jakobsen, Gustavo Menezes et moi. Parce que Maxime Brient travaille en même temps sur le Formule E. Du coup il ne pouvait pas faire la qualif. Mais oui en deux jours j’ai pu rattraper le rythme et à être un tout petit peu plus vite que Malthe en étant tout aussi régulier. Ce qui est le principal. Pas de track limit (sortie des limites de la piste). J’arrive à faire des tours propres et assurer une place la meilleure qu’on pourra.

Pour approfondir voir : On visite Peugeot Sport pour les 24h du Mans Virtuelles

Le simracing pour toi c’est encore un jeu ou tu peux y apprendre des choses ?

Le simracing est assez utile pour s’entrainer surtout dans les courses comme celle-ci avec un niveau très élevé. Ca se bat comme dans une vraie course. Faire des courses sur simu surtout à haut niveau ça aide beaucoup à l’intelligence de course. A savoir quoi faire dans quelle situation, garder son sang froid. En terme de roulage ça aide un peu mais les sensations sont pas pareilles que dans une vraie voiture. Donc ça aide principalement sur la gestion de course. Moi je roule en F4 donc le trafic y’en a pas. par contre pour Gustavo qui roule en WEC (World Endurance Championship) avec Peugeot, par rapport au trafic, il a déjà roulé au Mans, il sait comment ça se passe.

Est-ce que tu as pu apprendre des choses avec les deux pilotes pros ?

Dans le simracing pas tant que ça. J’ai appris certaines choses plus pour le réel. Certaines choses dont je ne peux pas parler parce que ça reste des choses de pilotes qui restent un peu secrètes. Mais c’est toujours un atour d’avoir des pilotes comme eux dans l’équipe. Malthe a gagné le championnat en LMP3 ce qui est très bien et Gustavo qui roule au Championnat du monde d’endurance, c’est un pilote professionnel. Et avoir quelqu’un comme ça dans l’équipe ça rajoute de l’expérience, beaucoup de calme, de réflexion dans tout ce qu’on fait dans la course.

Ces 24h du Mans virtuelles demandent une gestion plus calme de la course ?

Oui bien sur, c’est une course d’endurance, il risque de pleuvoir, il va y avoir les GTE donc beaucoup de trafic. La nuit aussi. C’est une course qui se joue sur les 24 heures. C’est pas une course qui va se jouer au départ ou sur la première heure de course. Et c’est sur que quand on est dans une équipe composée uniquement de simracers par exemple – ce qui n’est pas possible dans ce championnat mais dans d’autres – il y a beaucoup moins cet effet d’intelligence de course. On sait que la course va être longue et compliquée forcément. Mais tout est possible sur une course de 24 heures.

Au niveau du matériel Simracing tu arrives à retrouver des sensations de la course réelle ?

Oui. Par exemple dans les positions de pilotage. Là on a les Playseat en position monoplace qui sont un peu… Pas super réalistes. On n’est pas autant allongé dans une monoplace. Mais chez moi j’ai une position assez similaire à ce que j’ai dans la F4. C’est surtout les pédales où on peut vraiment sentir le feeling. Surtout dans le frein. Ma pédale de frein que ce soit ici ou chez moi, elle est réglée de façon assez réaliste. Après le souci principal du simulateur c’est qu’on n’a pas les forces G. Donc on aura jamais les sensations qu’on a dans une vraie voiture mais ça se compense en mettant plus d’informations dans le volant. Par exemple dans une voiture de course, le volant en F4 n’a pas de direction assistée mais dans la Peugeot 9X8 si. Et là dans le simulateur on ressent beaucoup de choses dans le volant qu’on ne ressent pas en vrai. Donc il y a certaines choses qui se rapprochent, d’autres un peu moins. C’est un style de pilotage différent. Il faut bien regarder l’écran et écouter le son. Tu entends quand les pneus crissent un peu par exemple.

Dans la vie réelle c’est quoi ton ressenti de frein idéal ?

Plutôt court. Un frein où on va plutôt taper dedans et c’est vraiment la force qu’on met dans la jambe.. On ne sent pas vraiment la pédale bouger, c’est juste qu’on tape avec une certaine force dans la pédale et il faut savoir quel pourcentage de force – pour le dire comme ça – on met dans la pédale. C’est des freins assez durs que j’aime.

J’ai testé en GT4 par exemple où la pédale est assez longue où il y a l’ABS… C’est très particulier… J’ai pas assez testé pour vraiment apprécier ou vraiment analyser le ressenti mais oai. Une pédale bien ferme avec une petite course en fait et assez dure. Parce que je gère vraiment avec la force que je mets dans la jambe et je trouve que c’est le mieux.

Intéressant car dans le simracing il y a souvent débat sur le frein

Oui, je pense que les gens qui ne font que du simulateur ils vont préférer une pédale plus longue. Ca doit être plus facile de doser j’imagine en fonction de la longueur de la course de la pédale. Moi je sais que je fonctionne plus avec la force que je mets dans la pédale. Et je préfère qu’elle soit courte comme ça j’ai moins de mouvement à faire. Et comme ça ça reproduit ce que je fais dans la réalité. Sur simulateur comme ça, ça me dé-paysage pas et je vais être plus à l’aise. Ca dépend vraiment si tu roules en vrai ou pas.

Les Venym Atrax sur le châssis te semblent convaincants ?

Oui très. Venym oui. Après, il y a plein de gommes différentes. Dures, médium et soft je crois. Là on a les dures et honnêtement c’est très réaliste. J’en ai chez moi des Venym, j’utilise plus ou moins le même réglage en fait.

Est-ce que tu as pour projet de vivre de la simulation ou de la course réelle ?

J’ai rejoint la R8G fin 2020. Avec un contrat Junior et je suis resté Junior 1 an. Et le souci c’est qu’avec le sport auto à côté j’ai pas tant roulé que ça en simulateur. J’alternais les deux. Et donc je suis resté Junior quand d’autres sont passés en pros. Donc que ce soit le sport réel ou la simulation pour le moment je ne gagne pas d’argent. Sauf quelques cash prizes de certaine courses de simu quand on gagne ou quand on fait des podiums. Mais j’aimerais vivre du sport auto réel si possible. Après je sais j’aime beaucoup la simu, je suis pas mauvais. Et je ne sais pas si je pourrais gagner ma vie sur la simu mais gagner un peu d’argent oui. Là à 16 ans, je suis en seconde donc j’ai encore le temps avant d’avoir un travail. Donc pendant mes études je veux gagner un peu d’argent en simu et essayer de progresser dans le réel aussi c’est quelque chose que je vise.

Qu’est-ce qui est prévu pour la saison à venir ?

Pour l’instant pas grand chose, c’est toujours assez compliqué en terme de budget. J’ai pas beaucoup de sponsors. Et c’est compliqué. J’ai essayé de gagner la saison de F4 cette année parce qu’ils donnent un cash prize à la fin de la saison quand tu gagnes. Malheureusement j’ai pas gagné pour certaines raisons et forcément ça joue un peu sur cette année. Cette année je vais plus essayer de préparer l’année prochaine, trouver des sponsors, faire des tests si je peux.

Quel conseil tu donnerais pour aider les simracers à progresser et à mieux appréhender la piste ?

Déjà principalement il faut s’amuser. Parce que c’est en s’amusant qu’on peut s’améliorer. Si on s’énerve ça n’aide pas. Après des conseils sur le pilotage, ne pas essayer de rouler vite pour rouler vite. Essayer d’analyser la piste, de chercher des repères, ça c’est le plus important. Je sais que sur simulateur c’est compliqué mais il faut porter son regard assez loin. Vraiment vers le virage d’après. Ca je sais que c’est quelque chose de compliqué même pour moi quand je suis sur simulateur je sais que j’ai un peu de mal à me concentrer. C’est quelque chose de très important. Et analyser beaucoup. Prendre son temps et rouler le plus possible c’est le meilleur moyen pour progresser. Et toujours rouler petit à petit de plus en plus vite. Ne pas essayer de chercher les limites dès qu’on sort des stands pour finir dans le bac à gravier 3 virages après.

Qu’est-ce que tu conseillerais d’améliorer en premier sur un setup simracing « moyen »

Elliott Vayron sur le simulateur pendant les essais de l'équipe eSports de Peugeot Sport

Pour quelqu’un qui a du matériel d’entrée de gamme, je lui conseillerais de rouler le plus possible avec ce matériel là pour s’améliorer et se perfectionner avec ce matériel là. Moi même j’ai commencé avec un Logitech Driving Force GT qui est vraiment d’entrée de gamme pour le coup.

Après j’ai passé pas mal de temps sur un T300RS, j’ai roulé pas mal sur iRacing de mes débuts jusqu’à fin 2020 avec un T300RS. Et franchement, il faut comprendre et réussir à l’utiliser le plus possible le matériel.

Alors forcément après, avoir un Direct Drive des pédaliers avec des Load Cell, ça va aider. Mais finalement on gagne pas tant de temps que ça en fait. Depuis que j’ai changé mon T300 pour un Direct Drive Fanatec et des pédales Venym Atrax. Je pense qu’en pilotage j’ai gagné pas mal de temps mais dans le matériel y’a vraiment pas grand chose. Peut être 2-3 dixième si on perfectionne à fond. Donc vraiment il faut comprendre son matériel, l’utiliser à fond. Et ne pas se plaindre, ne pas trouver d’excuses parce qu’on n’a pas de Direct Drive. C’est typiquement ce que je faisais alors que finalement en simracing c’est rarement la faute du matériel. Avec l’habitude et du roulage on peut faire des temps similaires avec du matériel d’entrée de gamme et du matériel haut de gamme. C’est comme une voiture. Si tu connais pas la voiture tu ne vas pas réussir à l’exploiter.

Pour suivre les aventures d’Elliott Vayron

Merci infiniement à Elliott Vayron pour le temps qu’il nous a accordé et pour ses réponses qui je l’espère vous auront éclairé ! Pour suivre ses aventures dans la course réelle et virtuelle, voilà les liens de ses réseaux que je vous invite à suivre avec grand plaisir !

Instagram : @Elliott.vayron

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