Dans le box Peugeot Sport pour les 24h du Mans virtuelles

Les 24h du Mans virtuelles 2023 ont accueilli un équipage particulier cette année. Le nom du Team ? Peugeot Sport. Oui, après 3 victoires au Mans en 1992, 1993 et 2009 puis un retrait du monde de l’endurance en 2011, Peugeot Sport fait son grand retour en Championnat du monde d’endurance. Et pour marquer le coup, ils ont aussi tenu à participer aux 24h du Mans virtuelles.

J’ai eu la chance d’être invité par la marque pour suivre l’événement dans leur QG de Satory, près de Versailles. L’occasion rêvée pour vous emmener avec moi suivre les préparatifs de la course et interviewer les pilotes. Alors, prêt à faire le voyage ensemble ?

C’est parti 🙂

Un enjeu de taille pour un constructeur mythique

Comme je vous le disais en introduction, Peugeot Sport fait son grand retour en endurance. Pour l’occasion ils ont engagé la nouvelle Peugeot 9X8 au FIA WEC. L’Hypercar trône d’ailleurs fièrement en plein cœur de la pièce dans laquelle nous sommes accueillis.

Mais nous ne sommes arrivés jusque là seulement pour admirer ses courbes si particulières dues à l’absence d’aileron arrière. Non, si nous sommes là, c’est parce que Peugeot Sport a décidé d’engager un équipage pour les 24h du Mans virtuelles. L’évènement eSports simracing le plus important de l’année, organisé par Motorsport Games sur le jeu rFactor 2.

Peugeot voit dans cet évènement un moyen de faire ses premiers pas en simracing de manière officielle. Tout en mettant un bon coup de projecteur sur ses ambitions en course réelle. L’enjeu est d’autant plus grand que ce genre d’équipe créée par un constructeur réel attire fatalement plus les regards des autres teams mais aussi du public. Surtout qu’ils ont choisi de rouler dans la catégorie LMP2 (les Hypercar ne sont pas présentes sur rFactor 2). Catégorie dans laquelle on retrouve aussi la Team Redline avec comme pilote star un certain Max Verstappen.

L'aventure Simracing de Romain Grosjean

Pour ne rien laisser au hasard, les équipes de Peugeot Sport ont donc décidé de se faire accompagner par nul autre que la R8G. L’équipe eSports de Romain Grosjean qui fait partie des équipes les plus sérieuses dans le monde virtuel.

Car ne l’oublions pas, même si nous sommes ici tous fans de simracing, le gap est encore grand entre course réelle et virtuelle. Il fallait donc à Peugeot des simracers pros pour accompagner les pilotes réels sur la partie pilotage ainsi qu’une équipe technique et d’ingénieurs capables de créer un setup sur mesure pour le véhicule virtuel.

L’arrivée sur place

C’est dans ce contexte que la marque a aussi fait le choix de préparer l’évènement à son QG de Satory. Les pilotes ne seront donc pas disséminés chez eux à travers le monde mais bien sur place avec le reste de l’équipe. Une belle manière de favoriser le team building entre pilotes pros et simracers.

la Peugeot TotalEnergies prête pour la saison WEC 2023

En entrant dans la grande salle qui nous accueille, on est d’abord saisis par la beauté de la 9X8. Puis en tournant notre regard sur la gauche de la salle, surprise, une 908, dernier modèle engagé en endurance avant le retrait du constructeur en 2011.

Puis des panneaux de box délimitent la zone dans laquelle on retrouve les deux simulateurs ainsi que les postes de travail des ingénieurs.

Enfin, au fond de la salle, on retrouve une estrade sur laquelle est posé l’un des Trophées remportés par Peugeot Sport aux 24h du Mans (2009). Et bien sur des écrans un peu partout pour suivre la course en temps réel.

L’équipage en charge de la LMP2 de l’équipe Peugeot Sport

Mais après quelques minutes passées à baver devant toutes ces surprises, il est temps de rencontrer les humains derrière les ordinateurs et simulateurs. Comme vous le savez, pour participer au 24h du Mans virtuelles, chaque équipage doit compter au moins deux pilotes professionnels et deux simracers. Et les pilotes retenus sont probablement la plus belle surprise qu’on pouvait avoir.

A voir : l’article qui récapitule les équipages et règles des 24h du Mans virtuelles 2023

Les pilotes de l'équipe Peugeot Sport pour les 24h du Mans Virtuelles
De gauche à droite : Elliott Vayron, Maxime Brient, Malthe Jakobsen, Gustavo Menezes

Gustavo Menezes, Pilote Pro engagé en LMH avec la Peugeot TotalEnergies #94

Ce pilote américain de 28 ans est un habitué du Mans. Il a participé à la course légendaire à partir de 2016, cette année là il a d’ailleurs remporté les 24h du mans ainsi que le championnat LMP2. Et a poursuivi jusqu’en 2020, cette année là son équipage termine à la seconde place aux 24h du Mans dans la catégorie LMP1.

En 2023, on le retrouvera dans le cockpit de la Peugeot 9X8 #94 mais en attendant le début de la saison WEC, le voilà prêt avaler les kilomètres sur la piste virtuelle.

Malthe Jakobsen, Pilote Pro

Malthe Jakobsen sur le châssis simracing

Ce jeune pilote Danois âgé de 19 ans a déjà largement fait ses preuves en remportant les European Le Mans Series LMP3 en 2022.

Il a aussi eu le privilège de faire un essai dans la Peugeot 9X8 en novembre dernier pour les Rookie Tests à Bahreïn.

Maxime Brient, Sim Racer Pro

Ce simracer professionnel français de 25 ans vient apporter son expertise à l’équipe. C’est sa troisième participation aux 24h du mans virtuelles et il sera un atout précieux dans la préparation des autres pilotes mais aussi dans le réglage du véhicule et du matériel.

Elliott Vayron, Simracer

Elliott Vayron sur la piste virtuelle du Mans

Elliott Vayron, c’est la surprise de cette équipe ! Ce jeune pilote de 16 ans a déjà une belle expérience en course réelle. Sa participation et ses résultats au championnat de F4 2022 a prouvé qu’il était l’un des pilotes les plus réguliers de sa discipline.

Quand je vous dis que c’est une surprise, c’est qu’à la base, c’est Valentin Mandernach qui aurait du compléter l’équipage. Mais ce dernier ayant attrapé le COVID quelques jours avant la course, il a du céder sa place à Elliott. Qui du coup n’a eu que quelques jours pour s’entraîner !

Kévin Lacour, Pilote de Réserve

Pour choisir leur pilote de réserve, Peugeot Sport a décidé de lancer un concours en interne. Et c’est Kévin Lacour, ingénieur performance sur la 9X8 #93 qui l’a emporté. Il devient ainsi membre à part entière de l’équipe eSports.

Le matériel simracing préparé pour les 24h du Mans virtuelles

Tout ce beau monde va devoir briller sur la piste du Mans recréée sur le jeu rFactor 2. Pour mettre toutes les chances de leur côté et facilité l’entrainement des pilotes, on retrouve deux châssis dans le box. Celui de droite est celui qui sera utilisé pendant la course. Et celui de gauche servira aux entraînements et pourra aussi servir de châssis de secours en cas de pépin technique.

Le matériel simracing de l'équipe Peugeot Sport pour les 24 du mans virtuelles
  • Châssis : Playseat Formula
  • Base : Fanatec DD2
  • Volant : Fanatec Clubsport Formula V2.5
  • Pédalier : Venym Atrax (3 pédales pour le châssis principal et 2 pédales pour le châssis de secours)

La préparation des pilotes

La préparation des pilotes a démarré il y a plusieurs mois pour certains d’entre eux. Mais pour Eliott Vayron qui remplace au pied levé Valentin Mandernach, il n’y a pas une seconde à perdre. Dès le mardi 10 il se met au travail pour rattraper son retard.

La Oreca 07 LMP2, seule LMP2 autorisée sur cette compétition a été réglée par les ingénieurs de l’équipe R8G. Ils ont été aidés par les retours des pilotes. Le retour de force du Fanatec DD2 est lui aussi réglé avec soin grâce à l’expérience de Maxime Brient et des retours des pilotes pros.

Côté frein par contre, il va falloir faire des compromis. Car si les simracers préfèrent les pédales de frein longues et molles pour ne pas se fatiguer sur les longs runs, les pilotes professionnels veulent exactement l’inverse. Finalement un compromis est trouvé. Ils utiliseront les gommes Medium (vertes) du pédalier Venym Atrax. Et les pilotes pros joueront en chaussettes alors que les simracers seront en chaussures.

A noter : Je vous prépare un article qui arrive dans les prochains jours sur la REALITE des pédales de freins de voitures de course avec à l’appuie les interviews des 3 pilotes pros.

Au niveau du pilotage, c’est assez intéressant ! C’est Maxime Brient, le simracer pro qui doit accompagner les pilotes réels pour les aider à performer sur le jeu. Car on a beau dire ce qu’on veut… RFactor 2 n’est (d’après ces mêmes pilotes pros) pas vraiment un simulateur au sommet du réalisme. Que ce soit au niveau du grip, des freinages, des vibreurs, de la direction, des setups, des temps réalisables mais aussi des limites de piste. Tout est très différent. Il faut donc les briefer sur les limites auxquelles ils pourront pousser leur véhicule virtuel.

Les courses test et les premières frayeurs

Le 12 janvier c’est la course test. Tous les équipages sont invités à se connecter pour un essai de quelques tours. Mais rien ne se passe vraiment comme prévu. Un problème sur le server fait que les 3 premiers tours de course sont considérés comme des tours de formation. LA quasi totalité des pilotes reçoivent ensuite des pénalités Drive Through automatiques.

Ce test ne rassure évidemment pas les équipes. Car tout le monde en est parfaitement conscient, les problèmes de servers sur rFactor 2 sont présents à chaque évènements. C’est la plus grosse hantise des teams. Car pour un simple problème technique totalement hors de leur contrôle, elles pourraient voir des mois de travail et beaucoup d’argent investis partir en fumée.

Le vendredi : jour de qualifications

Les qualifications ont lieu le vendredi à partir de 19h10. Et avant ça, la journée est chargée. Pendant que Gustavo Menezes et Malthe Jakobsen font leurs entrainements sportifs, Eliott Vayron et Maxime Brient enchaînent les tours de piste.

On apprend qu’il y aura de la pluie. Maxime décide donc de faire des tours sous la pluie pour s’habituer au comportement du véhicule. Il prend ses marques et l’équipe observe attentivement. L’objectif est de savoir combien de tours il peut faire sous une pluie naissante avant de devoir passer aux box pour enfiler les pneu pluie. A partir du moment où la pluie commence, ils ont 15 minutes avant de devoir faire le changement de gommes. Le tout en faisant monter progressivement le Traction Control jusqu’à 8 pour assurer un grip optimal.

Une fois les échauffements passés, il est temps de faire des tests de tours rapides. Sur les 4 pilotes seuls trois peuvent prétendre participer à la séance de qualification car Maxime Brient est « d’astreinte » sur un autre projet et ne peut pas prendre le risque d’être appelé pendant la séance. Les trois pilotes restants font tomber les temps mais c’est Elliott Vayron qui est choisi pour rouler en qualifications. Une très belle prouesse du jeune pilote, qui rappelez-vous n’a eu que quelques jours pour s’entraîner !

Il a réussi à faire des temps quasi identique à ceux de ses collègues. Mais surtout, il n’a pas eu le moindre chrono annulé pour sortie de piste. Et étant donné qu’ils n’auront que 2 essais pour la qualification, c’est avec lui que les chances sont les plus grandes d’avoir un chrono honorable mais surtout propre.

La séance de qualif

La séance commence à 19h10, tout le monde ou presque sort du box pour laisser Elliott se concentrer. Je m’installe devant les écrans de retransmission avec les autres pilotes pour suivre les qualifs. Les chronos fusent. Les teams Porsche et Redline semblent sur un autre fuseau horaire.

Soudain, les pilotes pros protestent. « Y’a Track Limit là !! » En effet, on voit clairement que tous les véhicules de tête dépassent sur plusieurs secteurs les limites de la piste sans être pénalisés. Maxime Brient le simracer les rassure, c’est normal sur rF2, ces virages là peuvent être pris plus large pour gagner du temps… Tiens donc.

Elliott s’accroche et permet lors de sa deuxième tentative à placer la voiture P15 ! Une performance plus qu’honorable quand on se souvient des circonstances qui l’ont amené ici. Le temps de pôle fait tout de même sourire Gustavo Menezes qui un large sourire sur le visage rappelle que faire un tour du circuit en 3:20:5 avec une Oreca 07 LMP2 est physiquement impossible dans la vie réelle. Les vrais temps tournent plutôt entre 3:28 et 3:30. Mais ne vous en faites pas, nous reparleront des différences entre virtuel et réel très prochainement 😉

En tous cas, félicitations Elliott ! La voiture s’élancera demain de la 15ème place avec au volant Malthe Jakobsen pour le premier relais.

Samedi : Le grand départ des 24h du Mans virtuelles

C’est jour de course. Les stratégies sont prêtes, les pilotes entraînés et prêts à en découdre. Toute l’équipe Peugeot Sport attend ce moment avec impatience. A 14h00 c’est le départ, Malthe est stable et prudent. On se rappelle que c’est une course d’endurance de 24h, il faut à tout prix éviter les erreurs et surtout s’assurer de finir la course.

Mais après seulement 1h10 de course, un premier souci technique pointe le bout de son nez. La Peugeot est déconnectée du server. D’autres écuries se voient elles aussi éjectées. Il faudra attendre de longues, très longues minutes pour revenir en piste. Suivront à intervalle régulier des éjections de pilotes et des drapeaux rouges. Les pilotes et les équipes redoutaient les problèmes de réseau ? Ils sont servis.

La direction de course décide même de supprimer la pluie qui devait arriver en course. Toutes les stratégies d’équipes partent immédiatement à la benne. Et avec elles, l’intérêt des pilotes. Mais Peugeot s’agrippe et malgré tous ces problèmes liés au jeu, ils finissent à une honorable 18ème place. Quand un certain Max Verstappen a choisi lui d’abandonné après une déconnexion server de trop. (Le direction de course a refusé de lui rendre les tours perdus, la suite rentrera dans l’histoire)

Une première participation applaudie

Ce qu’on peut retenir de cette première participation de Peugeot Sport aux 24h du Mans virtuelles, c’est beaucoup de sérieux. L’équipe s’est vraiment donné du mal pour trouver les bons pilotes et les bons partenaires. L’objectif n’était certainement pas de gagner, mais de faire une course propre, d’aller au bout et de préparer la suite sereinement. En ce sens, on peut dire que c’est une belle réussite. Si l’équipe décide de poursuivre ses aventures eSports, on se fera avec Flo un plaisir de suivre ça de près !

rFactor 2 et Motorsport Games encore une fois montrés du doigt

Mais comment finir cet article sans parler de la débâcle Motorsport Games. Après les soucis juridiques, les chiffres d’audience extravagants, le contrôle sans partage sur des licences majeures, et les problèmes en jeu… C’est pas la joie !

Pour participer à cette édition des 24h du Mans virtuelles, les équipes ont du passer énormément de temps en préparation. Ca veut dire engager des moyens financiers, payer des gens pour préparer le matériel, payer les pilotes aussi. A quoi il faut aussi ajouter le prix du ticket d’entrée (la rumeur parle de 2.000€ par voiture engagée). Tout ça pour que la course soit constamment coupée par des problèmes de servers qui rendent toutes les stratégies caduques ! Sans parler du résultat de course très TRES impacté puisque les pilotes déconnectés ne récupéraient pas toujours les tours perdus et évidemment les intervalles entre les voitures étaient eux aussi effacés à chaque fois.

Nous savions depuis longtemps déjà que le rachat de Studio 397 par Motorsport Games risquait de mettre rFactor 2 dans une situation peu enviable. Voilà qui est acté. Pilotes pros comme Simracers veulent des améliorations et ils les veulent tout de suite. Que ce soit sur les Track Limit, sur la gestion des vibreurs, de l’arbre de direction, du freinage mais surtout, surtout, de la stabilité servers en course.

Un grand merci à Peugeot Sport

Le trophée des 24H du Mans 2009 remporté par Peugeot

Pour finir, j’aimerais remercier encore une fois Peugeot Sport qui m’a permis de me rapprocher un peu plus d’un rêve de gosse. Passer du temps avec ces pilotes, rencontrer les équipes, poser des milliers de questions que je rêvais de poser… Bref, c’était un véritable plaisir d’être sur place.

Et je vous dis à très très vite sur le site pour une série d’articles et interviews exclusives réalisées sur place 😉

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