André Eriksen nous a fait le plaisir de répondre à quelques questions lors de l’ADAC Simexpo 2023. Et il y a de quoi papoter ! Entre les Asetek Hub, la tonne de cerceaux de volant, l’année très riche qu’ils ont connu avec leurs trois nouvelles bases… On se pose le temps d’un grand café avec le PDG danois.
Pourquoi avoir créé des Hubs plutôt que des volants « conventionnels » ?
Parce que beaucoup de gens veulent avoir plusieurs volants mais acheter un nouveau volant à chaque fois ça coûte beaucoup d’argent. Le faire à notre manière m’a semblé plus économique et ça a plus de logique. Ca n’a pas de sens de fabriquer 5 boitiers à boutons différents parce que c’est la jante de volant qu’on tient en main. Et comme tu as pu le voir sur les volants Formula Forte et La Prima on a aussi sorti de nouvelles poignées donc d’un coup tu peux passer d’une roue Formula à un roue LMP pour un coût négligeable. On est toujours sur de l’adaptabilité de nos produits.
J’ai vu que vous aviez un châssis en préparation. On ne peut pas encore le montrer mais est-ce qu’on peut en parler ?
Oui. Alors ce que tu as vu est un châssis Formula. Il y a beaucoup de gens qui veulent un châssis qui fasse aussi bien la position GT que Formula. Mais soyons honnêtes ! Si tu fais le tour des stands, c’est l’un ou l’autre ! Donc j’ai pensé qu’on devrait faire un châssis par exemple un modèle Formula dans lequel on peut quand même piloter une GT mais qui est vraiment plus optimal pour les Formules. Et on aura aussi l’inverse avec un châssis typé GT. Et puis quand on regarde tous ces châssis en profilés alu… Je ne vois pas Asetek faire de cette façon là. Parce que je ne vois pas comment on pourrait faire de l’argent avec.
En fin de compte c’est juste de l’aluminium extrudé. N’importe qui peut l’acheter et n’importe qui peut le couper et le peindre. Ca n’a rien d’unique. Il n’y a rien de mal à ça ! Mais pourquoi on voudrait faire ça ? Donc, ce qu’on aime, et que tout le monde aime avec les profilés c’est que c’est très adaptable. Et à transporter ça ne prend pas un container complet. On envoie de petites boites Alors on s’est dit qu’on voulait le meilleur des deux mondes. Tu as pu le voir, donc tu sais qu’à l’intérieur il y a le côté profilé avec les écrous en T pour le moduler comme tu veux On l’envoie dans une petite boite mais il est conçu pour te faire vivre l’expérience de piloter une vraie Formule. Avec le bon siège, la bonne position de pilotage, le volant bien placé, etc.
Et puis certains aiment les LEDs, d’autrent aiment moins. Mais si tu as pu faire le tour des nouveautés sur notre logiciel qui seront bientôt disponibles pour nos utilisateurs et bien par exemple dans le châssis Formula les bandes LED sur les côtés sont cools mais elles sont aussi utiles ! Si tu as une voiture qui arrive par la gauche par exemple, ça te l’indiquera. Il y aura beaucoup de fonctionnalités intelligentes à l’intérieur. Comme un radar, etc.
Et enfin, le fait d’avoir la base Direct Drive au niveau des pieds avec une grande colonne de direction en blind test je peux te dire à coup sur… ou peut être pas.. Mais Valdemar (pilote LMP3) en serait capable. Avoir la colonne de direction ça change le feeling au volant. Et puis dans la plupart des châssis la base est mal placée… Je veux dire que c’est pas logique d’avoir ce gros bloc de métal juste en face des yeux. Donc on la met au fond du châssis et on en parle plus, tu as juste le volant et l’écran en face de toi. Voilà quelques idées derrière cette conception.
Concernant le volant Formula Invicta, son look est superbe. Mais vous bossez encore dessus. Qu’est-ce qu’il reste à faire pour la sortir ?
Oui, comme tu le sais on a trois gammes de produits. La Prima, Forte et Invicta. Et de mon point de vue j’aimerais pouvoir me concentrer uniquement sur l’Invicta mais bien entendu il faut aussi qu’on vende quelque chose ! L’Invicta ce sont nos produits les plus avancés avec les meilleurs matériaux mais aussi les plus chers. Et je crois qu’avec la situation mondiale actuelle il y a peut être moins de gens qui ont envie de payer 2.000€ pour un volant. Ca ne veut pas dire que notre volant coûtera ce prix, c’est juste un exemple.
Je pense que le marché se dirige vers les produits plus accessibles. Donc on a mis notre focus sur les sorties des produits Forte et La Prima c’est là qu’on met notre énergie et c’est pour ça que l’Invicta a été retardé. Retardé n’est pas le bon mot. Il a plutôt été dépriorisé un peu. Mais on est maintenant de retour sur ce projet et on espère le voir sortir au second trimestre 2024.
Vous avez lancé 3 bases en 1 an, laquelle est votre Best Seller pour le moment ?
La meilleure vente ? C’est une très bonne question, je ne suis pas certain d’avoir la réponse. Si je devais faire une supposition réfléchie je dirais que c’est le Forte. Ca n’est pas très surprenant parce que l’Invicta est très performante mais aussi chère. Le Forte fait 18Nm donc c’est aussi assez puissant mais plus abordable. Et le La Prima est venu plus tard mais se vend très bien aussi. Les bases se vendent toutes bien mais je pense que le milieu de gamme est ce qui marche le mieux.
Pour approfondir : Notre test de la base Asetek Forte
C’est ce à quoi vous vous attendiez en lançant ces gammes ?
Oui à peu près. Si tu m’avais demandé pendant la crise du Corona il y a deux ou trois ans, je pense que c’est l’Invicta qui se vendrait le plus mais les temps ont changé un peu.
A propos du siège Formula, vous allez le produire au Danemark dans le QG ?
On ne sait pas encore vraiment où et comment on va produire ce siège que tu as vu. C’est un siège qu’on a imprimé en 3D et l’idée avec ce siège c’est de t’asseoir exactement comme tu le ferais dans une Formula. Bon on ne peut pas vraiment dire ça parce que même dans les Formules il y a des nuances… Mais en tous cas répliquer l’assise générale d’une Formule. Et tu sais il y a une chose que je pense que les gens négligent en simracing. Quand tu fais une course de 24h, comment tu ajustes le siège pour 3 pilotes différents ? Tu ne le fais pas… Tu fais un compromis.
Et c’est pas trop grave parce qu’ils ne sont pas dans une vraie voiture avec les G qui les baladent de partout. Mais tu restes dans l’impossibilité de changer de siège. Donc ce qu’on a choisi de faire c’est de construire une coque qui conviendra à tout le monde et puis on aura des inserts de différentes tailles. Comme ça toi et moi on pourrait partager le même siège.
Juste en retirant les pads et en en mettant d’autres ça marche. Et si tu changes de pilote tu peux le faire… Comme dans les LMP ! On prend toujours le plus grand pilote, on fait un siège pour lui et par exemple, Valdemar qui est assez fin, aura un insert de siège à sa taille. Donc quand ils changent de pilote, Valdemar amène son insert, le met sur le siège et quand il sort de la voiture il reprend son insert avec lui. Encore une fois on s’inspire de la course réelle et on fait la même chose.
L’année dernière vous aviez présenté un frein à main et un ABS. C’est toujours quelque chose que vous projetez de faire ?
Oui on va le faire, mais encore une fois avant ça on a une entreprise. Et on a mis notre focus là où on voit les plus grosses opportunités de vente. On n’a pas abandonné, d’ailleurs beaucoup de gens nous demandent ces produits. L’ABS sortira. On a bien vu d’autres marques arriver avec des pédales actives et de plus en plus de modèles vont dans ce sens. On ne le fera pas. Ce n’est pas dans nos projets.
Parce qu’encore une fois on veut se rapprocher au maximum d’une vraie voiture et comme tu t’en souviens sans doute de l’année dernière notre système ABS provient directement d’une voiture. C’est ce chemin qu’on a choisi et ça viendra mais je ne peux pas donner de date pour le moment. On travaille dessus.
Quels sont les plans pour la fin d’année 2023 ?
Non, en fait toutes nos roues GT rondes, avec les Hubs vont sortir en novembre. Tout sera prêt pour noël. Donc tu peux en demander une pour noël !
Vous avez créé pas mal de best sellers, c’est quoi votre processus de création ?
Je pense qu’il y a deux raisons à ce bon départ. La première c’est que pour le moment chez Asetek c’est moi le manager produit. J’ai défini la route à suivre avec les produits, où on va et pourquoi on y va. Et ça a été très facile pour moi parce que j’ai été actif dans le milieu du sport auto de nombreuses années et ce qu’on veut c’est simuler une voiture de course. Je me fiche de ce que font les autres. Je veux rendre ça aussi proche d’une voiture de course que possible donc c’est ce qu’on fait.
La seconde raison c’est qu’on écoute ! On lit les commentaires sur les réseaux sociaux, on parle avec les clients. Et personnellement je ne me cache pas derrière un rideau. Je suis là pour parler à nos vrais clients pour comprendre ce qu’ils demandent, puis on peut voir si on est capable de répondre à ces demandes. Donc je pense que c’est ça. L’expérience de la course et l’écoute des simracers c’est tout.
Comment s’est passée la première année de Valdemar en LMP3 ?
Valdemar Eriksen est le fils de André Eriksen. Il a fait quelques saisons en GT3 sur les GT World Endurance Series. Cette année il est passé en catégorie LMP3 et a entre autres participé aux Asian et European Le Mans Series.
Et bien il a démarré avec les Asian Le Mans Series. Il était sur le podium, c’était très bon pour une première dans la voiture. Je dirais que le reste de la saison a été plus compliqué avec des places plus éloignées du podium. C’était bien mais on a eu du mal à trouver le rythme dans la voiture. Et quand on roule pour d’autres équipes il y a d’autres pilotes. On doit parfois rouler avec des pilotes en rang Bronze par exemple. Et les gens qui ont moins d’expérience veulent généralement une voiture plus stable de l’arrière train, ils préfèrent quand ça sous-vire. Mais ce n’est pas le réglage le plus rapide !
Valdemar préfère avoir une voiture qui tourne, qui a plus tendance à survirer. Donc on dira que ça a causé quelques « challenges » sur les setups. Sur la série Danoise on roule sur notre propre voiture. On a couru il y a une ou deux semaines et ça s’est très bien passé. Il avait la pôle et on a réussi un finish en P2 et un en P1 avec en prime le record du circuit.
Et bien entendu, avoir ces expériences de course réelle ça nous permet d’apprendre beaucoup mais il y a aussi beaucoup de simracers sur les pistes de course. Donc on amène notre équipement et on peut écouter l’avis de simracers très orientés sur le réel, qu’est-ce qu’ils veulent, qu’est-ce qu’ils cherchent…
Merci à André Eriksen
Un grand merci à André pour le temps qu’il nous a consacré ! Les danois ont eu une année très chargée en terme de sortie de produits et rien ne semble les arrêter dans leur élan. C’est toujours un plaisir de suivre leur évolution et de découvrir les idées qu’ils amènent pour encore améliorer l’expérience du simracing.
Rédacteur en chef et fondateur du site, la passion du SimRacing m’accompagne depuis l’enfance. Après une quinzaine d’années sur console je suis passé du côté des joueurs PC et je passe le plus clair de mon temps sur RF2 et Assetto Corsa. Ma seule volonté : retrouver à la maison les sensations que procurent les véritables bagnoles de compétition. C’est dans cet esprit que je pars aussi souvent que possible sur les routes pour découvrir du matériel et avoir les retours d’expérience de pilotes professionnels. Vous pouvez aussi me retrouver sur la chaîne Youtube Sam et Flo dans laquelle nous partageons nos essais et voyages autour de la simulation automobile.
Salut Sam, merci pour cet interview. J’aime bien le boss d’Asetek, personnage franc, sans langue de bois, avec les idées claires. Leur nouveaux hubs et volants sont bien foutus et économiques, et devraient finir de me convaincre de choisir leur base La Prima.
J’attends encore les tests du CS DD, mais Fanatec va devoir frapper très fort pour me faire changer d’avis…