Rencontre avec Maxime Brient : Simracer Professionnel

Aujourd’hui je vous propose de rencontrer Maxime Brient. Un Simracer Professionnel de 25 ans qui a participé aux 24h du Mans virtuelles avec l’équipe Peugeot Sport.

Le contexte de cette rencontre :
Cette rencontre a eu lieu le 13 janvier 2023 au QG de Peugeot Sport à Satory. Toute l’équipe était présente pour participer aux 24h du Mans virtuelles qui se déroulent sur la simulation rFactor 2.

Les règles de la course imposent aux équipes de faire participer 2 pilotes professionnels et 2 simracers.

Dans l’équipe Peugeot Sport on retrouvait donc :
– Gustavo Menezes : Pilote WEC Peugeot Sport. Champion du monde WEC LMP2 2016, vainqueur des 24h du Mans en catégorie LMP2 en 2016

– Malthe Jakobsen : Champion du monde WEC LMP3 2022, a participé aux Rookie Tests avec l’équipe Peugeot Sport à Bahreïn en novembre 2022 au volant de la Peugeot 9X8

-Elliott Vayron : Simracer dans l’équipe R8G et pilote de F4 sur la saison 2022 du Championnat de France.

– Et enfin Maxime Brient : Simracer professionnel qui en est à sa troisième participation aux 24h du Mans virtuelles

Bonjour Maxime, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ?

Maxime Brient, 25 ans, je viens du Mans, pilote professionnel simulateur eSports pour Peugeot Sport et Apex Racing Team. Et également pilote simulateur pour DS Penske qui participe au championnat du monde de Formula E.

Qu’est-ce qui t’a amené à devenir Simracer Professionnel ?

Maxime Brient, simracer professionnel, participe pour la troisième fois au 24h du Mans virtuelles.

Au début je faisais du karting en sport études avec des personnes comme Pierre Gasly. Ca c’était en 2010, mais j’ai fait du karting de 2008 à 2011. Après ça, faute de budget mes parents ont voulu que je continue mes études. Du coup ça a fait une pause avec quand même quelques saisons en 2016 et en 2018 en endurance en karting. Ensuite j’ai été diplômé ingénieur. Et j’ai eu l’idée du simracing parce que je jouais à Gran Turismo et Project Cars.

J’ai eu l’idée de commencer iRacing en 2017 pour enfin être un peu plus professionnel. Ensuite avec l’arrivée du COVID en 2020 j’ai fait ma première participation aux 24h du Mans virtuelles. Et c’est là qu’avec mon agent/coach Vincent Capillaire on a décidé de s’y mettre plus sérieusement et d’en faire mon métier. Aujourd’hui j’en suis à ma troisième participation au Virtual Le Mans et j’espère que ç ava bien se passer.

Du coup toi tu as commencé avec Gran Turismo ?

C’est ça. Au début on jouait tous sur notre volant à Gran Turismo et les jeux F1 mais bon… J’étais jeune, je préférais jouer à Call Of Duty donc c’était vraiment un hobby. Et c’est vraiment quand Project Cars est sorti, parce qu’il était super beau que j’ai commencé à faire ma campagne un peu comme tout le monde. Et je me suis intéressé au monde eSport. Mais c’est arrivé petit à petit, j’ai rejoins des équipes et plus je roulais plus je m’améliorais… Du coup on en est arrivé à un point où c’est mon métier.

Pour approfondir voir : On visite Peugeot Sport pour les 24h du Mans Virtuelles

Ca ressemble à quoi ton quotidien en tant que SimRacer Professionnel ?

Alors cet évènement (24h du Mans virtuelles), ça fait 4 semaines que je suis dessus. Parce que rFactor 2 c’est pas du tout mon jeu de base. Je suis sur iRacing, donc il y a quand même tout l’aspect de la physique du jeu où il faut qu’on s’améliore surtout quand on essaie d’aller matcher les pros qui sont déjà sur ce jeu? Donc ça demande beaucoup, beaucoup de travail, beaucoup de roulage. J’ai commencé début décembre, je ne roule pas 8h par jour mais c’est vrai qu’on va rouler minimum 2h jusqu’à avant noël où j’ai roulé 6h dans la journée pour vraiment caller bien les choses avant les vacances.

Notre « problème » ici c’est qu’on a Valentin (Valentin Mandernach) qui a eu le COVID.Il avait try hard avec moi début décembre. On l’a appris lundi du coup on a du changer de SimRacer au dernier moment donc il fallait qu’il roule. Les deux pilotes pros (Gustavo Menezes et Malthe Jakobsen) ont des priorités de la vie réelle avec Peugeot ou la LMP2/LMP3 pour Malthe. Donc ils n’ont pas pu beaucoup s’entrainer avant cette semaine. Donc ils s’entrainent beaucoup cette semaine le matin et l’après midi. J’ai réglé la machine pour que quand ils s’installent ils soient tout de suie bien donc ça devrait bien se passer. Ils sont tous en train de s’améliorer.

Ca se passe comment la cohabitation SimRacer – Pilotes Pros ?

Elliott Vayron, Maxime Brient, Malthe Jakobsen et Gustavo Menezes

Ce qui est bien c’est qu’ils n’ont pas d’apriori négatif sur le simracing. Ils savent qu’on est plus rapides (les SimRacers) forcément. Du coup ils n’ont pas le melon à vouloir nous montrer qu’ils vont vite. Ils savent qu’il faut qu’ils s’améliorent donc c’est sympa de discuter avec eux de leur expérience de la vie réelle. Et nous on apporte notre expertise du virtuel. Parce qu’il y a quand même une petite frontière entre les deux. Et au final tout le monde s’entend bien et même si c’est des pilotes qui participent aux 24h du Mans réelles on est sur un pied d’égalité quand on discute pour cette course.

Est-ce que ce genre de collaboration t’a appris des choses ?

Au niveau du simracing il n’y a pas grand chose que les pilotes réels peuvent nous apprendre pour ce qu’on est en train de faire. C’est plutôt dans le sens inverse. Par exemple la gestion du trafic on n’a pas du tout besoin d’en parler avec eux parce qu’ils savent exactement quoi faire. Tout comme la gestion de la pression. C’est plutôt eux qui ont à apprendre comment être rapide en virtuel mais il y a des choses qu’on n’a pas du tout à leur apprendre parce que ça se retranscrit parfaitement du réel au virtuel.

Mais ils nous racontent quand même leurs anecdotes de course. Et il y a quand même un point au niveau de la stratégie où ils ont quand même des idées que nous en tant que SimRacer on n’a pas forcément. Même si on a un ingénieur, c’est vrai qu’ils ont leurs préférences vu qu’ils n’ont pas l’habitude du virtuel et c’est plutôt sympa de les écouter pour avoir leurs avis là dessus.

Sur le pilotage il y a des choses qu’on ne peut pas faire en réel mais qu’on peut faire en virtuel et toute la physique n’est pas la même que dans la vie réelle. Le modèle de pneu ne se travaille pas de la même manière. L’économie d’essence aussi… C’est des petits détails qui font une petite barrière entre virtuel et réel et qui font la différence entre un joueur eSports et un très bon pilote réel.

Et le problème du eSport c’est que c’est du roulage. Parfois on fait notre meilleur temps possible notre meilleur stint possible en moyenne de tours… Et en fait au bout de 2 semaines si tu continues de rouler tout le temps tu vas t’améliorer de 3 dixièmes. Alors c’est du Pace invisible mais c’est juste du roulage, du roulage. C’est ça le eSport, principalement du temps de roulage.

Ok il faut tourner un maximum pour trouver les limites et être régulier

Oui c’est ça, c’est exactement comme le réel. Il faut ramener la voiture évidemment. Surtout que les pilotes réels ont tendance à être un peu plus agressifs sur la piste que les SimRacers. Parce que je pense qu’ils ont plus l’habitude du réel et de vraiment attaquer dans leur pilotage alors qu’en simracing le sur-pilotage est très puni j’ai l’impression. Du coup il faut faire attention au départ parce qu’il y a beaucoup de pilotes qui vont vouloir montrer qu’ils sont rapides et ça sera un peu dangereux. Mais une course comme les 24h du Mans virtuelles c’est quasi pareil qu’une course réelle.

Pour parler matos, c’est quoi pour toi un bon retour de force ?

On n’est pas à la salle de sport à tourner des poids donc au final ça ne sert à rien d’avoir un retour de force trop élevé. Mais il faut quand même un retour de force assez élevé pour sentir un peu quand on perd la voiture. Surtout avec un Direct Drive qui est une technologie qui permet au pilote de bien sentir les choses.

Mais avant ça, c’est vrai que dans une vraie voiture on n’a pas ces infos dans le volant. On a les G et on a plus d’infos venant de la voiture pour le pilote pour savoir la piloter. Ce qui n’est pas forcément le cas en simracing du coup c’est plus compliqué d’avoir tout le feeling dans le volant. Mais c’est vrai que grâce aux Direct Drive on a un peu plus de retours de la voiture. Du coup il faut quand même que le Force Feedback soit assez élevé pour avoir ce retour et qu’on n’ait pas des mouvements invisibles qu’on ne sentirait pas et qui nous feraient perdre la voiture pour rien. Donc c’est un juste milieu à trouver mais pour moi ça ne sert à rien qu’il soit trop élevé, surtout sur une course de 24h où les épaules doivent suivre.

Oui il faut ménager le physique j’imagine sur ce genre de courses ?

C’est tellement mental qu’on est contractés de partout. C’est surtout le cou et les épaules qui peuvent prendre en tant que SimRacer. On ne prend pas de G donc le corps n’a pas besoin de s’habituer à en prendre autant. Mais il faut quand même être en forme de manière générale. Si on mange du fast food toute la semaine … C’est peut être du détail mais c’est pas super bon pour le mental notamment. Courir ça fait du bien. Tout ce que je dis là c’est pour rester sur la durée. Parce que si tu prends ton relais à 7h et que tu n’as pas dormi, même si tu te sens réveillé tu arrives quand même à la limite de la fatigue et c’est là que des petites choses vont faire la différence. Le simracing c’est tellement mental que les joueurs eSports s’entrainent quand même physiquement.

Tu dois aussi travailler les reflexes ?

Oui, les reflexes c’est vrai qu’avec Vincent Capillaire on fait quelques exercices quand on travaille le physique, il y a aussi des exercices de reflexes. Après c’est sur le long terme parce que c’est pas tout de suite qu’on atteint beaucoup de reflexes. Mais oui ça aide.

Ok donc il y a plein de détails sur lesquels le Simracing s’est vraiment rapproché du réel

C’est ça. Plus on avance tous les ans et plus on s’en rapproche. C’est vrai qu’aujourd’hui on est très proches de la course réelle. Je ne vois pas trop comment on pourrait améliorer le simracing aujourd’hui pour le rendre identique au réel. A part que tout le monde soit dans une salle sur le même simu, ça ça serait vraiment top mais ça viendra dans les années à venir. L’eSport c’est un milieu qui s’agrandit, tous les ans ça ira de mieux en mieux donc on espère.

Et pour parler pédaliers, comment est-ce que tu aimes ton pédalier simracing ?

Alors j’ai l’habitude de mon pédalier que j’ai à la maison. L’accélérateur a une grande détente donc je trouve que c’est plus simple de doser parfaitement ce qu’on veut en sortie de virages lents. Surtout dans des circuits où on cours avec peu d’aéro et où les virages lents sont un peu durs. Il faut bien savoir gérer l’accélérateur. Voilà comment je l’apprécie.

Et pour le frein j’ai l’habitude de jouer en chaussettes et de ne pas taper dedans. J’aime bien régler mon frein de sorte à ne pas mettre beaucoup d’effort dans le pied. Pour que sur une course de 24h que ce soit la journée, la nuit ou le matin, je fasse toujours la même chose sans trop me forcer. C’est vrai que les pilotes réels n’ont pas trop l’habitude de ça donc eux joueront en chaussettes ce week end et moi en chaussures pour trouver un juste milieu.

Mais c’est vrai que je ne tape pas trop dedans. Pour moi ça ne sert à rien que le frein soit trop dur car parfois on le touche un tout petit peu pour avoir 10-20% de freinage qui va permettre d’aller chercher les temps eSport un peu galères à aller chercher. Après ça c’est ce que j’aime bien pour le eSport. Pour d’autres c’est complètement différent, c’est propre à chacun.

J’ai l’impression que les Simracers préfèrent les freins longs et tendres alors que les pros sont à l’opposé

Oui voilà c’est ça. C’est aussi la physique du jeu qui fait ça. S’il fallait taper dedans pour être rapide je pense qu’on le ferait tous mais aujourd’hui on n’a pas besoin de mettre 70Kg dans la pédale pour freiner la voiture en eSport et on n’est pas non plus aidés par les G…

Pour cette course de 24h c’est quoi tes points de vigilance ?

Le premier problème c’est le trafic. Nous en tant que simracer on a toujours un œil sur le retro donc si quelqu’un nous dive au dernier moment on aura toujours el reflexe de le voir venir. Mais ce n’est pas forcément le cas des pilotes réels, il faudra donc être vigilent à ça. Il faudra aussi faire attention aux GT. Aussi aux prévisions météo, s’assurer qu’elles soient correctes et qu’on ne se fasse pas surprendre en ayant un pilote pas trop à l’aise sous la pluie et qui se retrouve dessous. Il faudra donc que les ingénieurs et stratèges aient un œil là dessus.

Et aussi un truc tout bête, dans rFactor 2 il peut y avoir des collisions dans les stands, ce qui n’est pas le cas dans iRacing. Donc il faudra faire attention parce que tous les stands sont un peu rapprochés. Faire attention aux collisions et à tout ce qu’on retrouve dans la vie réelle. Mais il y a aussi l’aspect software qui peut crasher ou la connexion. Et ça peut arriver à absolument tout le monde, même les meilleures teams. C’est de l’aléatoire et on n’espère que ça n’arrivera pas.

Qu’est-ce que tu conseillerais à un simracer pour s’améliorer ?

Par exemple sur iRacing, si vous voulez faire des courses officielles toute la semaine du mardi au lundi il faut s’y mettre la semaine d’avant. Vous roulez juste tous les soirs une heure ou deux et vous faites les courses officielles la semaine d’après. Et si vous avez 10h d’entrainement ça sera déjà largement suffisent pour des débutants qui veulent s’améliorer.

Rien que s’entrainer en amont, se chauffer avant de faire une course… Pas se dire « tiens je vais faire cette course dans 5 minutes… » Ca ça ne marchera jamais. Et toujours se préparer. Quand je fais des courses officielles je fais toujours un relais entier avant. Je rentre dans la session officielle, j’ai une demie heure d’entrainement je fais des tours en setup course, j’essaie des tours qualif. Et si vous faites ça rien qu’à un niveau standard ça suffit largement pour s’améliorer. Mais c’est surtout du roulage en fait parce que c’est pas naturel le simracing.

Et niveau matériel c’est quoi pour toi la première chose à améliorer ?

Même si vous roulez sur votre table avec un volant d’entrée de gamme la première chose c’est d’avoir un pédalier Load Cell. Même un Load Cell d’entrée de gamme. C’est le premier truc à changer, c’est la priorité n°1 parce que le problème pour les gens qui débutent c’est le frein. Et c’est vrai que tous mes amis qui ont commencé le simracing et qui sont passés sur un Load Cell, tout de suite ça a changé leur vie.

Après je dirais, avoir une position confortable pourquoi pas avec des châssis d’entrée de gamme pour être assis comme dans une GT par exemple. Ensuite je dirais, les écrans. Et puis le luxe à la fin, le Direct Drive. Pour moi pas besoin d’un Direct Drive pour être performant. Mes premiers Virtual Le Mans j’étais sur un TS-PC Racer et ça faisait largement le taf pour rouler rapidement. Je trouve que le Direct Drive c’est le dernier point à améliorer.

Pour moi le n°1 c’est vraiment le frein C’est là que les gens ont besoin de s’améliorer. LKla différence entre un pro et un pas pro c’est juste sur le frein. Et après la position pour être confortable puis passer sur un triple screen. Ca permet d’être plus immergé, t’es un peu plus dedans, ça aide. Et puis à la fin le volant.

C’est quoi la suite pour toi en 2023 ?

Là je fais le Virtual Le Mans avec Peugeot, ils ont l’ambition de continuer avec tout le championnat l’année prochaine donc il faudra discuter, voir comment ça se passe. Sinon je vais continuer mes courses sur iRacing avec l’Apex Racing Team et voir quel championnat on va pouvoir faire.

Merci Maxime Brient pour ces réponses claires et sans langue de bois !

Merci infiniment à Maxime Brient pour le temps qu’il nous a accordé et pour ses réponses qui je l’espère vous auront éclairé ! Pour suivre ses aventures virtuelles, voilà les liens de ses réseaux que je vous invite à suivre avec grand plaisir !

Instagram : @Max_Brient

Twitter : @MaxDaytona

Facebook : Maxime Brient

Je serais ravi d'avoir vos avis !

Laisser un commentaire

Le blog Simracing de Sam et Flo
Logo