Fanatec : La vérité est ailleurs… (Mise à jour 22/08/24)

Le titre peut sembler provocateur, mais avouons-le, c’est exactement ce qu’il faut pour attirer l’attention dans un monde où la désinformation circule plus vite que le dernier modèle d’un volant Fanatec.

La toile s’agite… 

Pendant que tout le monde s’agite, il serait peut-être temps d’enfiler nos lunettes et de plonger dans cette saga digne d’une série Netflix. Il semble que chaque nouvelle communication officielle soit un épisode inédit, mais pas forcément avec le dénouement qu’on attend impatiemment.

Le 16 août 2024, Endor AG a lancé un communiqué qui a fait frémir les journalistes, toujours prêts à sauter sur les nouvelles. Mais derrière ce communiqué se cache peut-être une manœuvre subtile, ou plutôt un coup de théâtre digne des plus grands opéras.

Soyons honnêtes, la communication d’Endor AG ressemble davantage à un scénario de film qu’à une déclaration d’intention sérieuse. Imaginez un peu : une trentaine d’investisseurs surgissant de nulle part, comme des super-héros prêts à sauver le monde, ou plutôt à racheter une entreprise en difficulté. Mais à moins d’apporter un scénario crédible et des noms d’entreprises sérieuses, ce communiqué pourrait bien finir dans la catégorie « fiction ».

Il y a une différence subtile entre un investisseur curieux et un investisseur sérieux. Pour l’instant, il semble que la curiosité l’emporte, et malheureusement pour Endor AG, cela ne paie pas les factures.

L’Enjeu juridique : un casse-tête Allemand

Finalement, c’est peut-être le moment opportun de se plonger dans le code de commerce allemand pour tenter de comprendre la situation. Avec l’aide d’un juriste, nous avons essayé de déterminer les possibilités et les stratégies adoptées par Corsair et Endor AG. Bien entendu, nous ne nous basons que sur des informations publiques, trouvées de manière transparente et légale. Cela ne signifie en aucun cas que la situation évoluera dans cette direction, mais il n’existe pas trente-six issues différentes malheureusement.

Premier élément de taille : oui, Corsair est bel et bien propriétaire de la marque Fanatec sur le territoire européen et britannique. Certains prétendront peut-être qu’il s’agit d’un prêt que Corsair devra restituer si un autre investisseur se manifeste, mais il n’en est rien ! À partir du moment où les instances européennes et britanniques ont validé et affiché noir sur blanc le titre de propriété, il n’y a pas lieu d’en douter. Pour le répéter clairement, Endor AG ne possède plus l’entièreté de la marque Fanatec. Les documents obtenus le prouvent, et nous n’allons pas revenir là-dessus. Si vous avez manqué les épisodes précédents de cette saga estivale, voici un peu de lecture pour la plage…

Cependant, à ce jour, Endor AG dispose encore du droit d’exploitation de la marque Fanatec sur les marchés américain et asiatique. Un véritable casse-tête, et honnêtement, la stratégie de Corsair a été excellente, car c’est précisément cela qui complique la situation. D’où, sans doute, la communication d’Endor AG, qui parle de la vente de Fanatec dans son dossier de presse, tout en oubliant de préciser qu’il ne s’agit que d’une moitié de gâteau. La nuance est importante, me semble-t-il.

Deux hypothèses probables

Imaginons maintenant les deux hypothèses les plus probables :

  1. La faillite d’Endor AG est sans doute ce que Corsair souhaite le plus aujourd’hui, car les actifs seront mis en vente d’une manière bradée pour apurer les plus rapidement possible les dettes auprès des créanciers. Ce serait une aubaine pour la marque américaine, qui pourrait racheter les parties manquantes pour un prix modique et retrouver toutes les pièces du puzzle Fanatec.
  2. L’autre hypothèse serait qu’un investisseur autre que Corsair se manifeste. Probable mais honnêtement qui serait assez fou pour acheter la moitié d’une marque sans en obtenir les droits d’exploitation pour le marché le plus important du sim racing: l’Europe. Corsair ne voudra pas céder son joyau acquis pour une bouchée de pain, à n’importe qui et n’importe comment.

Il existe bien une possibilité, selon la loi allemande, pour qu’un éventuel investisseur puisse solliciter la justice en prétendant que la vente d’une demi-part de Fanatec à Corsair désavantage la situation. À cela, l’armée d’avocats de Corsair répondra que la mission a été accomplie avec succès. L’argent est arrivé sur le compte d’Endor AG, permettant de la sauver temporairement de la noyade, et donc, par conséquence, Corsair a acquis la (demi-) marque Fanatec en toute légalité. Il n’existe aucune preuve de pression ni de manœuvres douteuses qui pourraient faire pencher la balance en défaveur de Corsair. S’engager dans un tel procès, c’est prendre un risque considérable et devoir faire un investissement financier majeur pour une issue incertaine. Voilà une dépense de plus dont il faudra en tenir compte au moment de poser sa signature lors du rachat du groupe Endor AG. Situation absurde me direz vous si on rajoute à cela le fait que Corsair possède également les brevets pour 49 produits différents les plus importants dans la gamme Fanatec.

Retour à la réalité

Nos trente investisseurs, tels des rois mages débarquant avec des cadeaux par milliers, vont probablement vite rebrousser chemin. C’est ici que je reviens au communiqué, sans doute très maladroit d’Endor AG. Qui serait assez fou pour investir aujourd’hui dans une situation si compliquée sur le plan juridique ? Certes, la marque Fanatec est très forte dans le milieu, et elle a probablement un potentiel de croissance considérable devant elle mais elle doit également composer avec de nouveaux arrivants qui se battent pour obtenir une part du gâteau plus importante. Le meilleur exemple est sans doute Moza, qui, avec une stratégie agressive, grignote des parts de marché à vue d’œil.


Un marché fragile malgré tout car nous sommes loin de la période faste du Covid. On le voit très clairement avec les géants d’antan serrer la vis des dépenses.

Et maintenant ?

Malheureusement, de mon point de vue, il n’y a qu’une seule issue aujourd’hui. Les dettes sont colossales, et Corsair n’a pas nécessairement les liquidités nécessaires pour s’assurer le rachat sans mettre en péril sa propre santé. Corsair a eu l’idée de génie de s’emparer de la partie la plus importante : la marque Fanatec sur deux marchés essentiels. Sachant sans doute que, si le pire arrive à Endor AG, l’essentiel est sauvé, et ils possèdent la capacité de relancer la marque. Ils s’assurent d’être les premiers à accéder à la partie manquante de Fanatec, les marchés américain et asiatique, si jamais l’occasion se présente.

Corsair reste très silencieux à ce jour. C’est sans doute le signe d’un requin qui attend que sa proie s’affaiblisse. Je déteste en parler ainsi, car dans les coulisses, ce sont avant tout des hommes et des femmes qui attendent avec impatience une issue favorable pour leurs emplois. Nous sommes de tout cœur avec eux. Malheureusement, le monde de la finance ressemble plus à celui des requins qu’à celui des bisounours.

Il y aura de la casse, quoi qu’il arrive, et Corsair a simplement profité de la mauvaise gestion d’une entreprise qui avait tout pour réussir. Un gâchis ? Pas encore. N’oublions pas que FANATEC fonctionne aujourd’hui à plein régime et que les ventes continuent. Mais quand on constate les dernières annonces de Moza, en collaboration avec Porsche, on ne peut qu’espérer une issue rapide et favorable pour Fanatec, qui perd chaque jour une occasion de proposer des innovations aux passionnés de sim racing.

Mise à jour

Voici la dernière déclaration de Thomas Jackermeier sur Wallstreet ONLINE.

« Nous avons proposé trois fois une augmentation de capital, mais elle a été rejetée par le conseil d’administration pour des raisons bien connues. Maintenant, l’administrateur judiciaire a lancé un processus d’appel d’offres qui se termine déjà le 26 août. D’ici là, des offres fermes doivent être soumises. Cela signifie aussi qu’une augmentation de capital doit être entièrement souscrite d’ici lundi prochain. Malheureusement, je n’ai pas les moyens pour cela et il n’y a malheureusement pas d’investisseurs prêts à participer.

Cependant, il est possible de s’impliquer dans la nouvelle Endor à la place.

J’ai acquis les droits après mon départ, ce qui a été l’une des principales raisons pour lesquelles Corsair s’est retiré et que nous avons eu la chance d’obtenir une assemblée générale extraordinaire. Cependant, la demande de mise en faillite, qui aurait pu être évitée, a anéanti toute possibilité de redressement par les actionnaires.

J’essaie maintenant au moins de sauver les emplois sur le site de Landshut et la marque, mais les seuls gagnants ici sont Corsair et la concurrence de Fanatec. La direction a vraiment fait du bon travail dans ce domaine. »

Wallstreet ONLINE, 21/08/24

Le fondateur et PDG de longue date d’ENDOR AG, Thomas Jackermeier, est titulaire des droits exclusifs d’utilisation et d’exploitation concernant le logo FANATEC et Bamboo Invest GmbH est titulaire des droits exclusifs d’utilisation et d’exploitation concernant le logo F. Thomas Jackermeier et Bamboo Invest GmbH offrent à tous les soumissionnaires potentiels les droits d’utilisation du logo FANATEC et du logo « F ». Contexte : Sans ces droits d’utilisation, le stock actuel ne peut être utilisé que de manière très limitée et aucun produit neuf ne peut être produit sans modification préalable du logo et sans conversion correspondante des outils de moulage sous forme. En outre, les logos sont utilisés sur le site Web, dans les vidéos YouTube et dans la publicité in-game dans de nombreux titres de simulation populaires. Sur demande, d’autres documents ainsi qu’une déclaration du cabinet Bayer, Krauss & Hüber sont volontiers mis à disposition.

Pour que l’exploitation se poursuive sans heurts et que les emplois puissent être sécurisés, Thomas Jackermeier accepte les offres correspondantes avec une ouverture de résultats.

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