Filière Endurance : jonction parfaite entre le Sim Racing et la piste

Ami lecteur, vous le savez j’imagine, sur le site ce que nous cherchons sans relâche, c’est la jonction entre le simracing et la réalité. Nous passons littéralement notre temps à essayer de comprendre comment nous rapprocher des sensations que procurent la piste en essayant du matériel mais aussi en allant à la rencontre des professionnels du secteur. Dans cette quête sans fin nous avons eu la chance de croiser la route de Filière Endurance Prototype & Grand Tourisme.

En quelques mots, Filière Endurance c’est à la fois une structure école qui permet de propulser les jeunes talents dans des baquets de GT et de Prototypes d’endurance. Mais aussi une structure eSport qui remporte pas mal de succès et qui peut aussi servir de tremplin vers le réel pour les pilotes les plus talentueux.

La jonction simracing/course réelle est donc parfaite ! C’est pour cette raison que Flo et moi-même avons décidé de vous proposer une série d’articles en partenariat avec Filière Endurance. Vous allez donc au fil des semaines, découvrir leurs équipes, missions, victoires mais aussi challenges ! Mais commençons par le commencement en découvrant ensemble précisément ce qu’est Filière Endurance grâce à une interview de Mathis Poulet, manager de la section eSport.

Salut Mathis, pour commencer pourrais-tu nous expliquer ce qu’est Filière Endurance concrètement ?

Mathis Poulet, pilote et manager de la Filière Endurance eSport. Photo : @Filière Endurance

Filière Endurance, c’est une structure créée par Jean-Bernard Bouvet en 2019. C’est un centre de perfectionnement pour les pilotes automobile qui visent un baquet en endurance, aussi bien en GT qu’en Prototype. Jean-Bernard Bouvet est un pilote automobile toujours en activité qui a plus de 30 ans d’expérience en sport auto. Il a entre autres participé 9 fois aux 24 Heures du Mans.

Et Jean-Bernard, au fil de son parcours, s’est aperçu qu’il y avait un manque du côté de la préparation à l’endurance. Pour la monoplace, il y a la FFSA Academy mais il n’y avait pas de filière spécifique pour préparer l’endurance.

Le Manceau Jean-Bernard Bouvet a aussi la casquette de coach. Il a par exemple coaché Sacha Fenestraz qui est aujourd’hui pilote en Formule E. Fort de cette expérience de coach, il décide de se lancer dans une grande aventure : la création de Filière Endurance.

Le parcours de formation ressemble à quoi ?

J’ai participé à la toute première sélection de pilotes qui a eu lieu en 2019. J’ai pu intégrer la filière dès le début 2020. Mon parcours a duré 3 ans. A l’époque c’était 3 ans de formation mais maintenant ça a été condensé en 2 années. En fait, on s’est aperçu qu’en 2 ans un peu plus intensifs on avait déjà toutes les armes en main. On a le temps d’apprendre tous les cours théoriques mais aussi faire la préparation physique et la préparation mentale.

Ce sont deux années très riches ! C’est vraiment tout un ensemble de compétences qui permet d’apprendre tout ce dont a besoin un pilote professionnel. Ca passe par la théorie et le pilotage… Mais aussi par la communication, le marketing, apprendre à faire ses dossiers de sponsoring. Parce qu’aujourd’hui les partenaires en sport automobile ça a une place presque plus grande même que celle du pilote.

Il y a aussi évidemment la préparation sur les simulateurs et tout un suivi par les formateurs. Jean-Bernard se déplace aussi sur les meetings de course pour venir coacher les pilotes. L’objectif c’est à la fois d’avoir un suivi théorique avec des « cours » même si ces cours sont quand même bien plus sympas qu’à l’école. Et de l’autre côté la partie piste dans laquelle on est vraiment plongé dans l’action.

Sacha et moi on est dans notre quatrième année du coup on est passés du côté plus managérial. On n’a plus du tout de théorique, ça on l’a acquis. Par contre Jean-Bernard grâce a son expérience et son réseau nous aide à trouver les bons baquets avec les bons budgets. Donc au delà de l’aspect formation il y a aussi cette plus-value de pouvoir nous placer dans des équipes. Et toujours dans cette optique de créer des passerelles, il a choisi de créer la Filière Endurance eSport.

La Filière Endurance eSport c’est quoi ?

Mathis Poulet manager de l'équipe eSport de Filière Endurance
Mathis dégomme le chrono. Photo : @Filière Endurance

C’est en juin 2022 qu’on a créé le segment eSport de la Filière Endurance. J’étais, avec Jean-Bernard, le premier sur ce projet. Il m’a fait confiance pour que je sois le manager de cette section. Le projet en lui même a été lancé en avril 2022 mais les premiers tours de roues ont eu lieu il y a tout juste 1 an au mois de juin.

Notre objectif avec la section eSport c’est de créer une passerelle entre le virtuel et le réel. L’ambition de l’équipe c’est de pouvoir faire les 24 Heures du Mans virtuelles ACO en 2025 ou 2026. Concernant la date, ça dépendra de notre évolution. Pour y arriver on pousse les compétences des pilotes sur simulateurs. Et pour les plus talentueux d’entre eux, on les passer en réel s’ils en ont la détermination et l’envie.

Aujourd’hui, le eSport est relativement proche du réel dans la charge de travail dans l’investissement à avoir en terme de préparation de pilotage. Ca se rapproche pas mal sur ces aspects. Même s’il y a bien sûr toujours de grosses différences entre virtuel et réel. Mais on s’en rapproche suffisamment pour se dire que de très bons pilotes de simulateur peuvent être aussi de bons pilotes en réels. On a Léo par exemple ! C’est un pilote qui a démarrer du côté eSport et qui pilote aujourd’hui aussi dans la Filière Endurance réelle. Et il a pour objectif de faire quelques courses de MITJET cette année.

Voilà pour résumer toute la genèse du projet jusqu’à aujourd’hui !

Comment est-ce qu’on entre dans la Filière Endurance ?

Photo : @Filière Endurance

Ca se fait sur sélection. Il faut contacter Jean-Bernard par le site web directement. Arriver évidemment avec un projet, savoir ce que vous voulez faire et montrer votre détermination.

Ensuite, il y a un entretien avec Jean-Bernard pendant lequel il va estimer les capacités. Bien sûr il est très préférable d’avoir déjà un peu d’expérience en karting. Les pilotes qui entrent ont généralement entre 18 et 22 ans.

Parfois ce sont des profils un peu plus expérimentés. Qui peuvent venir directement de la monoplace avec parfois une année de Formule 4 par exemple.

Mais globalement les profils sont assez variés mais idéalement un parcours en kart est important. Car sans expérience ça va être compliqué sur les voitures et les budgets sont importants.

Voilà, ça se fait assez naturellement et simplement. On contacte Jean-Bernard, et si les voyants sont au vert et que la détermination est vraiment là c’est parti.

Et la tranche d’âge pour entrer dans le cursus ?

La tranche d’âge pour entrer dans la Filière Endurance c’est 16-22 ans. En 2020 on était plutôt à 16-20 ans mais on a un peu élargi jusqu’à 22 ans. Bien sûr le parcours peut s’adapter pour des pilotes plus âgés… Mais pour monter en sport automobile si on commence en MITJET à 24 ou 25 ans c’est compliqué de passer pilote Pro par la suite. L’objectif de la Filière Endurance c’est de former des pilotes professionnels. Et quand on commence tard on se retrouve face à des jeunes qui n’ont pas forcément la même énergie en piste.

Il y a aussi tout l’aspect progression de carrière. Un pilote qui commence à 16 ans peut être prêt pour Le Mans à 21 ou 22 ans. Alors qu’un pilote qui commencerait à 24 ou 25 ans n’est prêt pour Le Mans qu’à 31 ou 32 ans. Et malheureusement à cet âge c’est très très compliqué à moins d’être exceptionnel de passer Pro et de trouver un baquet. Plus on rentre tard, plus c’est compliqué. C’est pour ça que Jean-Bernard a défini cette tranche d’âge qui d’après son expérience la plus adaptée.

Côté simulateur, comment on peut se faire remarquer par la Filière Endurance eSport ?

Photo : @Filière Endurance

Pour la partie eSport c’est un peu comme pour le réel. Il faut nous contacter. Pour le moment on a une bonne équipe de pilote qu’on fait progresser et travailler ensemble. Notre objectif c’est de travailler sur la longueure et de ne pas changer de pilotes tous les 6 mois ou tous les ans.

Pour entrer dans cette section il y a là aussi des étapes de sélection sur simulateur. On va surement faire entrer encore quelques pilotes, pour le moment on est déjà 14 et on n’aimerait pas aller au delà de 16 ou 17.

Notre volonté c’est de rester à taille humaine et à partir de 20 ça devient compliqué, il y a trop d’équipages à gérer. N’oublions pas que nous ne sommes que deux Thomas et moi pour gérer cette équipe eSport.

Mais voilà pour répondre à ta question il suffit de nous contacter via le site, les réseaux sociaux ou autres. Il y a aura aussi un roulage pour voir si le courant passe avec l’équipe. On analyse aussi le comportement car en eSport il y a des pilotes avec une mentalité parfois assez nombriliste. Alors il n’y a pas de mal à ça tout le monde est comme il est mais notre équipe a une certaine dynamique et une ambiance qu’on souhaite conserver comme elle est.

Est-ce qu’il y a un jeu en particulier sur lequel on doit être performant pour ces entretiens ?

Pour les sélections, c’est sur iRacing que ça se passe. Photo : @Filière Endurance

Pour le moment on est uniquement sur iRacing. Tout simplement parce que c’est le jeu le plus simple pour l’aspect multijoueur en ligne. On attend aussi de voir ce qui va se passer au niveau des 24H du Mans virtuelles car rFactor 2 va probablement être remplacé par Le Mans Ultimate à partir de l’édition 2024.

On devrai donc se préparer sur la simulation qui sera choisie car ça demande énormément de temps, d’investissement, de structuration et d’expérience de passer d’une simu à l’autre. Pour participer l’ACO sélectionne les dossiers et forcément il faut que notre dossier soit béton pour qu’on puisse avoir notre place à l’évènement. Mais à l’heure actuelle c’est sur iRacing qu’on teste les nouveaux pilotes.

Vous organisez des rencontres entre les pilotes eSport ?

L’équipe Filière Endurance presque au complet ! Photo : @Filière Endurance

Pour le moment chacun roule de chez soi car nous n’avons pas de lieu pour réunir tous les membres de l’équipe. En plus de ça on a des pilotes qui viennent d’un peu partout. Que ce soit des quatre coins de la France mais aussi de Belgique ou du Maroc par exemple.

Mais on aimerait dans le futur mettre en place des camps d’entrainement qui réuniront nos pilotes au Mans pendant 3 ou 4 jours. Ca nous permettrait de garder le même concept que dans la Filière Endurance réelle. En réel on organise des camps d’une semaine.

En eSport on pourrait garder ce concept en enlevant la partie physique qui est moins prédominante sur simulateur. On pourrait travailler la cohésion de groupe, car c’est d’autant plus difficile d’avoir une belle cohésion quand on est tous loin les uns des autres. Et on veut vraiment faire passer l’humain avant tout.

Tu as la chance de piloter à la fois en réel et en virtuel. Quels sont les choses qui manquent encore au virtuel pour toi ?

On va dire que le virtuel c’est vraiment formidable parce que ça permet aux pilotes réels d’apprendre les circuits en amont. On peut se préparer sur simulateurs et quand on arrive sur la vraie piste on est déjà bien. En ce moment, ce qui est un peu frustrant notamment sur iRacing, et la raison pour laquelle je fais très peu de courses c’est tout simplement le comportement des autres pilotes en piste.

Comme c’est du simulateur, il y en a qui prennent ça comme un jeu à la Formula One. Je n’ai rien contre Formula One c’est un très bon jeu mais ça reste plus arcade. Sur iRacing ce qu’on vient chercher c’est de la performance, c’est pour ça qu’il y a des équipes eSport. Et aujourd’hui il y a malgré les systèmes de ranking de bonnes disparités de niveau.

Certains ne maitrisent pas la voiture, reviennent en piste de façon chaotique… Des choses qu’on ne ferait jamais dans le réel parce qu’on aurait trop peur de casser la voiture. C’est ça que je trouve encore dommage dans le simracing. Les joueurs manquent de respect non seulement envers les autres joueurs mais aussi envers leur machine !

Même en endurance aujourd’hui il y a des comportements qui font que dans une catégorie sur 20 voitures au départ tu n’en n’aura plus que 7 à l’arrivée. Et ça vient du fait qu’il n’y a aucune notion de la vraie course et de la peur de casser la machine et de se blesser soi. Et puis au pire si on perd des points de ranking il suffit de rester sage deux ou trois courses pour que tout soit oublié.

C’est trop permissif. Ce sont des comportements qui devraient être bannis ou au moins qu’il y ait de vraies pénalités et un vrai contrôle. Et aussi un vrai contrôle de la responsabilité. Car aujourd’hui sur iRacing s’il y a crash, les deux pilotes sont pénalisés. C’est le genre de choses qui cassent le moral et qui ne donnent pas envie de retourner faire des courses.

Est-ce que ces comportements ne seraient pas poussés par le fait que les voitures n’ont que peu de dégâts mécaniques et aucune usure des pièces ?

C’est sur ! Au niveau des dégâts on peut couper les vibreurs avec les véhicules sans aucune usure ou casse de pièce. Dans la réalité aucun Proto ou aucune GT ne couperait de cette façon là. Et c’est quelque chose que je trouve même d’encore plus amplifié sur rFactor 2. Sur iRacing les vibreurs sont vraiment méchants. Et la gestion des off tracks sont très punitive pour le coup. Même trop par rapport au réel mais au moins ça tempère et ça évite que ça soit trop le Bazard. Mais heureusement il y a aussi des courses où il n’y a pas d’abandons et où tout se passe bien. Et puis on reste sur des simulateurs, il faut que ça reste plus accessible que le réel sinon personne ne roulerait tout simplement !

Et c’est quoi les moments où vraiment tu te fais plaisir en SimRacing ?

Photo : @Filière Endurance

Moi ce qui me fait vraiment plaisir c’est de faire des sessions avec les copains. On y va sans se prendre au sérieux et on prend des Monster Trucks sur piste en terre pour s’amuser. Mais ce que j’aime beaucoup c’est la vraie course. J’aime quand le drapeau se baisse et qu’on est presque comme dans une vraie course. Que ce soit la préparation et la stratégie. j’aime aborder le simracing comme le réel.

L’organisation entre le virtuel et le réel c’est quasiment la même chose. La gestion de la fatigue est différente. Le simulateur est mentalement plus fatiguant mais physiquement beaucoup moins que le réel évidemment. On n’a pas la même pression, j’en parlais tout à l’heure surtout au niveau de la casse. Si on crash la voiture on appuie sur echap et on refait la course le jour d’après ou la semaine d’après.

Et bien sûr ce qui est le plus cool sur simulateur c’est de gagner. Les batailles avec des pilotes rapides mais qui savent vraiment se battre proprement ça permet de s’amuser et de prendre un plaisir ! Je dirais un plaisir presque aussi grand que dans les batailles réelles. Voilà moi ce que j’aime c’est retrouver ce frisson qu’on a dans une vraie course.

C’est quoi la suite pour la fin d’année 2023 côté Filière Endurance eSport ?

On va participer à toutes les courses d’endurance planifiées par iRacing. Les 6 heures de Watkings Glen, le Petit Le Mans sur Road Atlanta. Certainement aussi les 10 heures de Suzuka. Il y a aussi les championnats 24 heures qui se déroulent toutes les deux semaines. Ils demandent un gros rythme mais en été on a tous un poil plus de temps.

A côté de ça on est aussi organisateurs de courses privées. L’organisation s’appelle Spirit to Le Mans. A chaque fin de saison iRacing (chaque week 13) on lance des Open Entry et on fait des évènements. Par exemple au mois de mars on avait fait Le Mans Classique avec des anciennes voitures. Ca a super bien marché on avait une soixantaine d’engagés. Le prochain c’est sur le tracés de Silverstone. Et on prépare aussi un évènement sympa pour plus tard dont je te reparlerais quand on aura préparé les choses.

On a beaucoup d’autres projets évènementiels en préparation pour montrer que la Filière Endurance eSport et la Filière Endurance réelle sont là !

Un immense merci à Mathis et à Filière Endurance !

Merci infiniment à Mathis et à toute l’équipe de Filière Endurance pour leur confiance. Comme je vous le disais en introduction, attendez-vous à entendre parler d’eux régulièrement sur le site ! Et pourquoi pas un de ces quatre sur la chaîne YouTube ;). Je vous invite à aller découvrir leur site internet. Et si vous êtes déterminé à devenir pilote réel ou virtuel, alors n’hésitez pas à les contacter pour en savoir plus sur leurs cursus !

Sam
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Rédacteur en chef et fondateur du site, la passion du SimRacing m’accompagne depuis l’enfance. Après une quinzaine d’années sur console je suis passé du côté des joueurs PC et je passe le plus clair de mon temps sur RF2 et Assetto Corsa. Ma seule volonté : retrouver à la maison les sensations que procurent les véritables bagnoles de compétition. C’est dans cet esprit que je pars aussi souvent que possible sur les routes pour découvrir du matériel et avoir les retours d’expérience de pilotes professionnels. Vous pouvez aussi me retrouver sur la chaîne Youtube Sam et Flo dans laquelle nous partageons nos essais et voyages autour de la simulation automobile.

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